Quels déchets et aliments mettre dans mon lombricomposteur ?
Le régime alimentaire des vers
Il peut être tentant d’incorporer tous ses déchets de cuisine dans son lombricomposteur. Après tout, il est fait pour ça non ? Nous allons voir ensemble qu’Eisenia, de son petit nom scientifique, est un ver vorace, mais pas au point de manger tout ce qui lui passe sous le nez.
Les aliments qu’ils mangent
Cela va de soi que les vers de compost ont un régime alimentaire qui leur est propre. Pour avoir des vers en bonne santé, il faudra vous familiariser avec la liste des aliments qu’ils apprécient et qui leur permettent de vivre en bonne santé.
Nous pouvons diviser ses besoins en 2 catégories : les matières azotées comprenant la plupart des déchets verts, aussi appelé déchets humides, et les matières carbonées, ou matières sèches, que l’on retrouve aussi sous l’appellation de déchets bruns.
La plupart du temps, si votre déchet est d’origine végétale et biodégradable, il y a de fortes chances qu’il soit assimilable par les lombrics. Pour vous éviter d’angoisser à l’idée d’avoir donné un aliment interdit, nous avons regroupé les déchets verts et bruns que vous pouvez donner à vos vers les yeux fermés :
Déchets verts
- Restes de légumes (voir les exceptions dans la partie suivante), crus ou cuits, épluchures ou chairs, sous toutes ses formes :
- Fruits : tomate, concombre, avocat (sans le noyau), aubergine, poivron (les graines risquent de germer, ce qui nécessitera un petit travail de désherbage), courgette, courge, pomme, poire, citrouille, haricot vert, figue, fraise, melon, mangue, kiwi, ananas, banane…
- Racines : carotte, navet, patate douce, panais, radis, betterave…
- Tiges : pomme de terre, topinambour, céleri-rave, chou-rave…
- Feuilles : poireau (sans son bulbe de préférence), salade, épinard, roquette, basilic, coriandre, persil, chou chinois, blette…
- Champignons, de la tête au pied
- Marc de café avec son filtre
- Thé ou tisane avec son sachet (sans plastique bien sûr)
- Autres végétaux, fleurs et feuilles comprises
Déchets bruns
- Sachets et enveloppes en papier kraft
- Cartons ondulés
- Rouleaux de papier toilette et d’essuie-tout
- Boîtes à œufs sans les étiquettes imprimées
- Papier journal après avoir vérifié que l’encre d’impression est d’origine végétale et non minérale (information souvent difficile à trouver…)
- Végétaux séchés comme les feuilles mortes, brindilles sèches, écorces, copeaux…
Les aliments à ne surtout pas donner à mes lombrics
Maintenant nous allons vous parler des déchets qui n’ont pas leur place dans un lombricomposteur. Pour faire simple, il existe trois raisons qui font qu’un déchet ne doit pas faire partie des repas de vos lombrics :
- Il est vermifuge ou indigeste, les conséquences seraient donc pour le moins désastreuses
- Il est trop acide, auquel cas il serait trop difficile de rééquilibrer le pH de votre compost et vos vers finiraient par en pâtir
- Il met trop longtemps à se décomposer, ce qui risquerait soit d’encombrer votre compost, soit de générer des mauvaises odeurs et d’attirer les mouches
Il n’existe pas tant d’interdits, mais suffisamment pour qu’une petite liste soit nécessaire.
Voici donc les aliments à proscrire :
- Ails, oignons et échalotes qui font partie de la famille des liliacés qui sont vermifuges
- Papier glacé, blanchi ou imprimé avec des encres minérales, car toxiques
- Plastiques, car non-biodégradable
- Emballage dits compostables, car le lombricomposteur ne réunit pas les conditions nécessaires à leur décomposition, ou en tout cas pas dans un laps de temps acceptable
- Corps gras tels que le beurre, les huiles et les sauces, car indigestes
- Agrumes et leur zeste, car trop acides et antiseptiques (à cause notamment du D-limonène)
- Produits laitiers, viandes et poissons, car ils attirent les mouches bien avant d’avoir été transformés en compost
- Restes de repas salés ou sucrés, car indigestes
- Noyaux et gros pépins/graines (ceux des potirons par exemple) qui sont trop durs pour être décomposés convenablement
Les déchets à rationner
Certains aliments n’ont pas la cote auprès des lombrics et il vaut mieux éviter de leur en servir. En cas de force majeure, ils peuvent être occasionnellement incorporés à vos apports et seulement en petite quantité. De préférence, placez-les plutôt dans un composteur extérieur ou, si possible, cuisinez-les !
Il s’agit des :
- Artichauts et asperges
- Ongles, cheveux et poils
- Céréales comme la farine, les pâtes et le riz
- Restes de croûte de pizza, de pains
Les règles pour bien nourrir ses vers de compost
Faire preuve de patience au démarrage
Patience, c’est le maître-mot pour réussir votre démarrage. Les vers vont avoir besoin de temps pour s’acclimater à leur nouvelle maison et pour que vous puissiez les nourrir à un rythme normal. Il s’écoule en général une période de 8 semaines avant de pouvoir remplir un lombricomposteur de manière optimale.
En plus d’offrir un peu de répit à vos vers qui viennent tout juste d’emménager, ce temps permet aux bactéries et autres microorganismes de s’installer. Comme nous le verrons plus loin, ces derniers sont indispensables au bon fonctionnement d’un lombricomposteur.
Bien respecter les proportions
Comme nous, les lombrics ont besoin d’un régime équilibré pour être en pleine forme. Celui-ci doit être composé à part égale de matières azotées et de matières carbonées. Au moment de remplir votre lombricomposteur, faîtes donc bien attention à donner autant de restes de fruits et légumes (apports en azote) que de cartons (apports en carbone).
Prédécouper, c’est la clef
Il est important de noter que les vers ne se nourrissent pas de nos déchets frais. Ce sont les bactéries et les champignons, naturellement présents dans les apports organiques et le compost, qui sont les premiers à s’en occuper. Grâce à leurs enzymes, ils désagrègent nos déchets en une sorte de bouillie assimilable pour les vers.
Pour que nos déchets soient absorbés le plus rapidement possible par le système digestif des lombrics, il est donc préférable de prédécouper vos apports en morceau d’environ 2 cm. Cette taille facilitera le travail des microorganismes et votre lombricomposteur aura un bien meilleur rendement.
Équilibrer l’acidité
Les restes de fruits et légumes que nous donnons ont tendance à acidifier le compost. Or, Eisenia a besoin d’un environnement au pH neutre pour s’épanouir. Pour rééquilibrer le substrat, il est fortement conseillé d’ajouter des coquilles d’œufs très finement broyées une fois par semaine. Le broyat doit avoir la consistance d’une poudre pour qu’il y ait un réel impact. Cet apport, riche en carbonate de calcium, régule l’acidité. Pour les végans ou si vous n’avez pas d’œufs sous la main, vous pouvez les remplacer par du mélange chaulé.